Lettre ouverte à l’attention des membres de l’association REUSSIR AUJOURD’HUI

« Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. Quatre-vingt dix voleurs sur cent qui sont au bagne ne sont jamais allés à l’école une fois, et ne savent pas lire, et signent d’une croix. C’est dans cette ombre-là qu’ils ont trouvé le crime. L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme. Où rampe la raison, l’honnêteté périt.»

 Telle était la vision du père Hugo en ce qui concerne l’éducation dans son poème intitulé « les quatre vents de l’esprit ». En effet, les écuries d’été vécues par les lycéens issus d’horizons divers illustrent et confirment l’idée selon laquelle l’école forge les Hommes.
 Dans le cas précis des écuries d’été, disons-le hardiment ! L’action de l’association Réussir Aujourd’hui a été féconde sur plusieurs volets.
 Au fur et à mesure que les jours passaient, il se créait une symbiose, un attachement, un esprit de groupe entre nous. Par conséquent, le jour de la séparation eût été un maelstrom dans les consciences car nous avions pris l’habitude de séjourner ensemble.

A présent que nous sommes dans nos formations respectives, nous avons gardé le contact par le biais des réseaux sociaux et par téléphone. Bien que nous n’avons pas assez de temps libre, nous essayons souvent d’organiser des sorties culturelles lorsque nos amis qui sont en province viennent à Paris.

 Au-delà de la sociabilité, les écuries d’été ont été une amorce de reprise scolaire non négligeable quand on sait que parmi nous certains avaient plus de trois mois de vacances.

Il est aussi important de souligner que le cadre scolaire mis en place par votre (notre) association nous a permis de nous projeter vers la rentrée scolaire et en plus de cela, de côtoyer les conditions de travail en première année.

 Bien que nous sachions que ces trois semaines n’auraient guère été une escapade touristique, il était nécessaire que nous saisissions cette chance que tous les lycéens de la ZEP (zone d’éducation prioritaire) n’ont pas et n’auront jamais d’ailleurs.
Il est inutile de rappeler qu’intégrer un nouveau système scolaire n’est pas toujours facile; c’est donc dans la perspective des écuries d’été que le caractère VISIONNAIRE de Réussir Aujourd’hui ressort vainqueur.

Quand nous parlons de visionnaire, il s’agit de la manière dont l’association s’attèle à équarrir l’obscurantisme qui règne dans certains lycées de région parisienne à cause des conditions de vie et verse de la lumière sur les mots « égalité des chances ».

 Il me revient que pendant la présentation des écuries d’été durant une séance de travail avec monsieur MARANO et monsieur MERLINO, personne n’était enthousiaste à l’idée de passer trois semaines dans l’antre du savoir en occurrence,  l’école Polytechnique. Chacun de nous étalait sa réticence en évoquant des vacances en familles, les jobs d’été…
 Il faut simplement dire que nous n’étions pas convaincus du bénéfice culturel que nous pouvions en tirer.

Après avoir vécu l’expérience, nous ne saurons trop conseiller aux générations à venir de prendre une initiative hâtive lors des prochaines propositions, car nous avons flirté avec les abysses du savoir.

 Mesdames, messieurs, vous n’êtes pas sans savoir que certaines de nous lacunes accumulées pendant notre scolarité dans le secondaire ont pu être corrigé grâce à ce stage intensif tant en mathématiques qu’en culture générale et en passant bien sûr par l’anglais. Ce point de vue reste néanmoins personnel quant-aux matières.

La soif d’apprendre et de se cultiver se manifestait chaque instant que nous avons passé dans cette mer de savoir qui s’appelle Polytechnique. Le cadre était somptueux comparé à nos lycées. C’est la même différence qui existe entre une auberge et un palace.  Il ne nous restait plus qu’à assimiler un nombre important de connaissances en trois semaines.

Aujourd’hui les réponses sont unanimes quand certaines questions nous sont posées.

  • Est-ce que les écuries d’été nous ont apporté quelque chose ? Oui !
  • Que nous ont-elles apporté ? La volonté. Il paraît que la volonté c’est avoir envie. La volonté de poursuivre des études consistantes.
  • Dans quel cadre inscrire l’action de l’association R.A ? Les mots « égalités des chances » restent souvent théoriques et R.A met en pratique ce processus dont certains lycéens ont besoin.

Lionel EDIMO